analyse critique du mouvement néo-ruraliste
Dans cette émission, nous présentons et décortiquons le mouvement néo-ruraliste. Bien qu'il ne soit pas réellement porté par une finalité commune, il se caractérise par l'adhésion de ses membres à l'idéal de la maison de campagne (le but ultime), par la valorisation du marché (le moyen d'y parvenir), par le recours au festivisme comme outil de socialisation et de plaisir, et enfin, par l'adhésion généralisée à des croyances déclinistes (« l'ennemi » qu'on cherche à éviter). Ces traits constituent les fondements des courants idéologiques qui structurent les pratiques et les représentations des membres qui les épousent. Nous en analysons cinq qui sont particulièrement influents aujourd'hui : le courant consommatoire, le courant hygiéniste-spiritualiste, le courant écolo-paysan, le courant socio-réformateur et le courant autonomiste-survivaliste.
Nous illustrons cette analyse avec une description de la fête paysanne de Limoux, organisée par la Maison Paysanne. Le caractère marchand de cette fête, qui appartient au courant écolo-paysan, saute à ce point aux yeux qu'il est raisonnable de se demander en quoi un tel étalage de marchandises matérielles et immatérielles pourrait constituer une alternative paysanne à l'agriculture conventionnelle. Ne s'agit-il pas plutôt d'une manifestation de marchés émergents qui commencent à se consolider et à s'ancrer dans des territoires ? Ou pire, de la manifestation ponctuelle d'une forme de « néo-colonialisme urbain » !
Mais des alternatives existent. Elles se déploient dans « l'agriculture non-marchande ». Ni décliniste, ni festiviste, cette agriculture remet en question la propriété privée en tant que support d'une agriculture marchandisée. En présentant une expérience de ferme nomade et alternative, et sur le projet de label ferme ouverte qui en a émergé, nous montrons en quoi cette forme d'agriculture constitue une alternative viable et concrète qui peut être opposée à l'agriculture paysanne marchandisée qui constitue potentiellement un danger, sans doute encore plus grand que celui de l'agriculture conventionnelle, pour notre sécurité alimentaire et donc, pour nos libertés fondamentales qui en découlent.