Dans le monde du libre, la cause semble entendue : libre ne veut pas dire gratuit, voire même, s'oppose à la gratuité. Mais que faut-il entendre pas là ? Car si le concept de culture libre se rapporte à quelque chose de bien précis, le concept de gratuité est quant à lui polysémique. Les libristes rejettent-ils la gratuité parce que la fabrication d'un produit culturel a un coût ? Parce qu'elle n'est pas désintéressée ? Ou non rentable ? Ou encore, parce que culture libre ne signifie libre-accès au produit fini ? Dans tous les cas, la réponse n'est pas la même.
Et même envisagé sous l'angle du libre-accès, le libre n'a-t-il pas en lui-même (juridiquement parlant), et à l'intérieur d'un contexte de large diffusion des biens immatériels sur Internet, les propriétés mêmes d'une ressource publique, une composante gratuite forte ? En nous appuyant sur le Droit des biens et des éléments de socio-économie, nous verrons que la réalité est moins nette qu'elle n'y paraît.
Enfin, on s'interrogera sur le hiatus entre le discours et la pratique, en mettant en avant le rôle majeur de l'économie du don, tant dans le fonctionnement de la culture libre que dans la philosophie, dans les discours de celles et ceux qui l'animent et la font vivre. Cette économie du don est structurante, voire vitale, pour de nombreux projets du libre. Après avoir présenté quelques éléments empiriques sur le sujet, nous conclurons : le libre ne serait-il pas finalement un peu gratuit ? Et faut-il nécessairement rejeter cette dimension qui le caractérise et qui a sans aucun doute contribué à son succès, ou au contraire, la valoriser et construire une rentabilité ou, de façon plus utopique, prôner une société qui en tient compte ?
Plan de la présentation :